Au début du 9ème siècle, l'édifice carolingien est au faîte de sa puissance et donne l'illusion d'une brillante restauration de la romanité. Dans le domaine culturel, la "renaissance" carolingienne voit se conjuguer le purisme anglo-saxon, la tradition romaine et les techniques byzantines avec, notamment, un réveil de la métrique et de la grammaire. Autour de Louis le Pieux éclôt une littérature ampoulée, pédante, copiant servilement les Anciens, mais d'où surgissent des fins epistoliers et des historiens. Cette résurrection d'une élite permet le triomphe durable d'une écriture nouvelle, la caroline, et le réveil des querelles dogmatiques. L'architecture, elle aussi, use habilement des emprunts à Byzance.
Mais la façade, apparemment brillante, cache mal ses faiblesses. Dans le domaine économique, la terre reste la principale source de richesse, mais son exploitation, fondée sur le régime domanial, c'est-à-dire sur la grande propriété partagée entre la réserve seigneuriale et les manses exploitées par des tenanciers héréditaires, souffre d'un rendement médiocre dû à des techniques rudimentaires de traction animale et d'enrichissement du sol. Le contact reste faible avec les villes, dont les populations stagnent, ne dépassant guère la limite des remparts entourant le quartier épiscopal et le marché local. Certes, trois régions (les rives de l'Escaut et du Rhin, et la plaine du Pô) connaissent un regain d'activité commerciale stimulée par l'institution d'une monnaie nouvelle (l'argent remplaçant l'or). Mais la reprise économique et la circulation monétaire ne sont pas suffisantes pour que des fortunes marchandes puissent durablement voir le jour à côté de la fortune foncière de la haute aristocratie ou de l'Eglise.
Il n'est guère surprenant, dès lors, que la grande faiblesse des Carolingiens ait été leur mode de gouvernement : sans numéraire, on ne peut payer d'agents fixes. Au niveau des institutions locales, les Carolingiens ont certes, tout en respectant les particularismes locaux, tenté d'unifier l'Empire sur le plan administratif en le divisant en circonscriptions dirigées par des comtes nommés et révocables par le roi, responsables du maintien de l'ordre et de la présidence du tribunal public. Mais ces comtes, choisis au sein de l'aristocratie, ont une fâcheuse tendance à se créer des clientèles locales, à choisir leurs délégués dans le cercle de leurs vassaux, et à se rétribuer par la concession de vastes domaines fonciers tirés du fisc royal.
D'où de multiples abus, et des velléités d'indépendance de ces grands, que les rois carolingiens ont tenté de freiner par la mise en place de moyens de contrôle.
C'est un système vassalique qui se développe et que les carolingiens, faute de pouvoir l'enrayer, cherchent à discipliner et à utiliser par le biais d'une pyramide de serments unissant l'empereur au plus lointain de ses sujets par des liens d'une fidélité contraignante pour ceux-ci ; mais ce réseau de fidélité s'avère coûteux pour le souverain qui, obligé de récompenser les services rendus par des concessions de terres, s'appauvrit d'autant plus rapidement qu'il ne peut éviter que ne s'instaure progressivement une hérédité des bénéfices qui accélère, par contrecoup, celle des fonctions. Le système se revèlera dangereux lorsque la faiblesse de ses successeurs laissera les arrière-vassaux dans la seule dépendance des grands, plus soucieux de leur fortune que de l'interêt de l'Etat.
Economie rudimentaire, administration embryonnaire, alié,ations inconséquentes du domaine royal, faiblesse de certains rois, qui favorise le développement anarchique du système vassalique, sont autant de facteurs du déclin de l'Empire, qui s'amorce dès les années 830.
La fin du règne de Louis le Pieux (829) est marqué par les querelles opposant ses fils et leurs royaumes pour des questions de succession.
Par la suite, le morcellement de ces royaumes s'achemine vers l'émiettement féodal. A deux reprises (875, 884), l'unité de l'Empire sera politiquement restaurée. Après 887, le titre impérial est porté épisodiquement par des rois de Germanie et d'Italie, tandis qu'en France les derniers Carolingiens, au terme d'une lutte âpre, sont éliminés (987) au profit de Hugues Capet, fondateur de la dynastie capétienne.
L'empire carolingien n'a donc pas survécu aux dilapidations et aux querelles familiales des successeurs de Charlemagne, incapables, dès lors, de conjuguer les deux dangers qui les menaçaient : les ambitions politiques des grands, d'une part, et d'autre part les invasions normandes, hongroises ou sarrasines à travers de nombreux raids destructeurs menés depuis 810.
Telle est l'Histoire de France récente qu'on pu apprendre les personnages, que ce soit par leurs voyages ou leurs études.
Nous sommes actuellement en 992, Hugues Capet est le roi de France, et le royaume de France à proprement parler s'étend des Pyrénées à l'Ouest, jusqu'à l'ouest du Rhin et du Rhône, Bretagne non incluse.
Sujet: La France au début de l'aventure 
Mar 8 Aoû - 23:03
